Tirs sur espèces protégées et empoisonnements

Les deux visages d’une même barbarie

Le 27 février 2024, une jeune pygargue à queue blanche, l’aigle le plus rare de France, a été retrouvée, tuée par balle, en Isère. L’Office français de la biodiversité (OFB) avait rapidement enquêté et identifié le braconnier, et VPB s’est alors constituée partie civile aux côtés notamment de la Ligue pour la Protection des Oiseaux et des Aigles du Léman, acteurs du programme de réintroduction de l’espèce. (Lire l’actualité ici)

Dans un jugement rendu ce 17 juillet 2024, le Tribunal correctionnel de Grenoble a condamné l’accusé à quatre mois de prison avec sursis et plus de 60.000 euros de dommages et intérêts à verser aux associations de protection de la nature qui s’étaient constituées partie civile. Son permis de chasse lui a été retiré et il fait l’objet d’une interdiction de détenir et porter une arme pendant trois ans. Ces infractions sont les plus hautes prévues par le code de l’environnement et relèvent de la criminalité grave dans ce domaine. La plainte déposée par VPB a été considérée comme recevable, une jurisprudence positive pour l’association. Le braconnier a été condamné à verser 2000 € à VPB.

Le 30 août prochain, deux personnes seront jugées par le tribunal de Troyes pour la mort d’un autre pygargue, découvert en mai 2024 dans les Ardennes empoisonné au Carbofuran, un insecticide interdit en France depuis 2008.

VPB a de nouveau porté plainte.

Ces destructions barbares par tir et par empoisonnement sont assez répandues dans notre pays pour que nous nous interrogions sur leurs motivations. Tout semble en effet indiquer qu’il existe un mouvement de pensée selon lequel le monde animal devrait être organisé exclusivement entre animaux domestiques et gibiers. S’agit-il de se débarrasser de la faune sauvage protégée ? De nier son droit à l’existence ? La question n’est pas absurde puisque l’exclusion de l’autre et le rejet de la diversité sont toujours au cœur des réalités sociologiques.

En tant que vétérinaires, notre message porte d’abord sur la santé. Les prédateurs sauvages, qui compliquent l’entretien des poulaillers, des troupeaux et des « cheptels gibiers », sont aussi les garants de la santé de toute la faune, y compris de la santé humaine. Sur un plan strictement sanitaire, les humains n’ont pas d’autre choix que d’encourager la cohabitation avec des prédateurs sauvages, même s’ils contrarient nos activités économiques ou de loisirs. Collectivement, c’est à la société d’en assumer la responsabilité, au même titre que toutes les campagnes de prévention sanitaire.