Traduction de la lettre ouverte à la présidente de la Commission Européenne, Ursula von der Leyen.
“ Bruxelles, le 18 décembre 2023
Cher Président von der Leyen,
Au nom des 300 organisations de protection de l'environnement et des animaux soussignées, nous vous écrivons au sujet de l'engagement de la Commission européenne de « décider d'une proposition visant à modifier, le cas échéant, le statut de protection du loup au sein de l'UE et à mettre à jour le cadre juridique. , d'introduire, si nécessaire, davantage de flexibilité» d'ici la fin de l'année.
Il est extrêmement préoccupant qu’une décision politique sur une question aussi cruciale soit préparée de manière non transparente. De plus, il repose sur un processus de consultation irrégulier lancé par le communiqué de presse de la Commission sur « Les loups en Europe » du 4 septembre 2023, qui contenait des informations trompeuses sur les loups. Nos préoccupations à ce sujet vous ont été exposées dans notre lettre du 11 septembre 2023.
Nous souhaitons souligner à nouveau que toute décision visant à modifier le statut de protection des loups doit être basée sur des données scientifiques fiables, conformément aux dispositions de la législation pertinente, et non sur des preuves anecdotiques soumises dans le cadre d'un processus de consultation non transparent et irrégulier.
En outre, nous sommes préoccupés par le fait que le débat sur cette question a jusqu’à présent été largement dominé et dirigé par les représentants de l’industrie agricole et de la chasse, désireux de se positionner comme porte-parole des communautés rurales. Pourtant, la réalité est qu’il existe un degré élevé de soutien parmi les communautés rurales en faveur d’une protection stricte des loups dans l’UE, comme le montre une enquête indépendante commandée par plusieurs organisations de protection des animaux et réalisée en novembre 2023 dans 10 États membres.
À moins que les services de la Commission européenne ne rassemblent de nouvelles preuves scientifiques substantielles, nous pensons que la science et l'opinion publique sont claires : la modification du statut de protection du loup - que ce soit en vertu du droit de l'UE ou de la Convention de Berne - n'est pas justifiée.
L’UE doit plutôt :
- veiller à ce que les protections juridiques existantes pour les loups, telles qu'elles sont consacrées dans la directive européenne sur les habitats, soient respectées et appliquées de manière cohérente dans tous les États membres ;
- promouvoir le recours à des mesures de coexistence entre les loups et les communautés locales, car bon nombre de ces opportunités sont sous-utilisées par les États membres ;
- soutenir les initiatives qui fournissent au public des informations précises et fondées sur la science sur les loups.
La protection des loups en Europe n'est pas seulement une question d'importance écologique, mais aussi le reflet de notre engagement en faveur de la conservation de la biodiversité et des valeurs de coexistence et de tolérance. Les loups font partie intégrante du patrimoine naturel de l'Europe, jouant un rôle essentiel dans le maintien de l'équilibre des écosystèmes et de la biodiversité, et le retour du loup dans des régions d'Europe où l'espèce avait disparu auparavant constitue un succès considérable en matière de conservation qui ne doit pas être mis en péril.
Nous vous invitons à prendre au sérieux les recommandations de la société civile au sens large lors de la préparation de la décision de la Commission européenne.”